Michel BORDIEU
A l’époque de son expansion coloniale, la France a construit à Madagascar des casernes, des lieux de cultes et des bagnes. Celui de Nosy Lava, appelé «maison de force» a vu le jour en 1911 après la gouvernance du général Gallieni (1896-1905), proconsul qui dut imposer la souveraineté française d’une main de fer.
L’année 1947 a vu naître un mouvement national malgache de résistance à l’oppression croissante de l’administration coloniale. L’éveil politique de la population, la situation économique instable, la pénurie alimentaire ainsi que la reconnaissance de la souveraineté d’une ancienne colonie française -le Vietnam- furent des circonstances favorables à une rébellion généralisée dans tout l’île de Madagascar. Des incidents graves éclatèrent, suivis d’une répression sanglante marquée par plusieurs milliers d’arrestations. Certains rebelles furent internés au bagne de Nosy Lava. Parmi eux, quelques-uns ne furent libérés qu’en 2000, à la fermeture du bagne, bien que graciés ou ayant purgé leur peine depuis longtemps.
Il y a peu d’informations datant de cette période et contrairement aux bagnes de Guyane, il est difficile de trouver des documents concernant Nosy Lava. On ignore comment le site a été choisi, le nombre de détenues qui y étaient internés, les raisons de leur détention, le fonctionnement administratif de la maison de force, etc.
En 1960, l’indépendance de Madagascar fut promulguée. Néanmoins, les déportations et les atrocités continuèrent, les régimes postcoloniaux perpétuant les méthodes du passé. Après les années 1980, le démantèlement du régime socialiste a entraîné l’abandon progressif de la maison d’arrêt. Pourtant l’établissement ne ferma pas, et reçut même de nouveaux condamnés, malgré l’absence d’entretien des locaux par l’administration.
Les prisonniers ainsi que le personnel durent se débrouiller pour se nourrir et subvenir à leurs besoins élémentaires. Le Ministre de l’intérieur de l’époque expliqua au directeur du pénitencier qu’il devait se débrouiller au mieux... Ce dernier décida de libérer les prisonniers pendant la journée afin qu’ils trouvent eux-mêmes de quoi se nourrir. Et ce en dépit de la présence sur l’île d’habitants, conjuguée à la dangerosité avérée de certains détenus
Petit à petit, le bagne, ses prisonniers et Nosy Lava furent oubliés. L’île est pourtant située sur une route maritime très fréquentée. A l’origine interdite aux civils pour des raisons de sécurité, l’île est en quelque sorte devenue «fady» : «taboue / interdite» dans la tradition malgache. N’y accostant plus, les habitants de la grande île l’oublièrent peu à peu.
L’île et son bagne seraient restés dans l’oubli sans le travail d’enquête de Rivoherizo Andriakoto, un journaliste malgache qui a réalisé un documentaire de 52 minutes intitulé «Les Damnés de la Terre».
Il fut le premier civil à pénétrer dans ce «goulag tropical» où il rencontra les derniers forçats de l’île qui, pour certains, portaient toujours des chaînes aux pieds. Ce reportage, qui a obtenu le prix Albert Londres en 2000, a été diffusé sur la télé nationale malgache.
La diffusion de ce documentaire eut tant d’écho que le président Didier Ratsiraka fut contraint de gracier l’ensemble des bagnards encore détenus. Certains avaient purgé jusqu’à dix fois leur peine initiale.
A partir d’Analalava, on peut traverser en pirogue la dizaine de milles qui séparent la grande terre de Nosy Lava. Le bagne n’est plus qu’un ensemble de ruines que l’on peut visiter en restant prudent.
C’est sous le regard bienveillant du phare que l’on peut se baigner avec pour décor une plage de sable fin, des cocotiers, une baie couleur saphir et émeraude, entourée de falaises blanches.
Derrière les bâtisses, un chemin traverse la mangrove et permet de s’enfoncer dans la savane jusqu’au phare, d’où l’on peut apprécier le point de vue.
Petit à petit, l’enfer cède la place au paradis.
Au départ de La Réunion: vol direct sur Nosy Be ensuite, par mer, prendre un voilier (charter) en direction des Radamas.
Par la route, rejoindre la grande terre direction Ankify (vedette rapide ou pirogue à moteur depuis Nosy Be) puis prendre un taxi-be en direction d'Analalava (en passant par Ambanja). Arrivé à Analalava, se renseigner sur place pour trouver un moyen pour rejoindre l'île avec un pêcheur ou un piroguier afin de faire la traversée jusqu'à Analalava.
An départ de La Réunion ou de la métropole et depuis Antananarivo, prendre un Taxi-be direction Ambanja puis Analalava. Une fois sur place trouver un pêcheur ou un piroguier pour faire la traversée jusqu'à Nosy Lava.
Possibilité de trouver un hébergement à Analalava. Il n'y a pas de structure hôtelière à Nosy Lava.
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